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Copie de Copie de Copie de Copie de Copi
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Dans le cadre du cours Questions d’éthique et de déontologie dispensé à l'HE2B Defré pour la Spécialisation en Orthopédagogie, il nous a été demandé de décrire une situation présentant un enjeu éthique pour ensuite discuter et argumenter à propos de ce dilemme.

Voici donc le travail réalisé.

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Avant toute chose, il est important de savoir que  l’utilisation de noms d’emprunt sera privilégiée dans ce travail afin de respecter l'anonymat selon le code de déontologie.

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La situation qui a donc retenu mon attention est la suivante.

Au cours de ma deuxième année d’étude à Marie-Haps, nous avons été amenés à réaliser un stage d’observation de trois semaines. Ayant déjà un intérêt certain pour les troubles d’apprentissages, j’ai donc réalisé ce stage au sein d’une école d’enseignement spécialisé de type 3, 4 et 8. La classe de première primaire m’avait été attribuée afin que je puisse procéder à mes observations. C’est dans ce contexte que j’ai rencontré pour la première fois Clara, une jeune fille âgée de 6 ans, atteinte d’un léger retard mental, que je devais suivre pour des problèmes de gestion émotionnelle.

Auparavant, Clara était dans un enseignement ordinaire. Cependant, ne progressant pas au même rythme que ses camarades, l’enseignante avait relevé des difficultés à la prendre en charge au sein de sa classe et avait proposé une réorientation. Suite à cela un diagnostic avait été réalisé mettant en avant des troubles de l’attention, les amenant à proposer une possible réorientation à la famille. Ils finirent alors par l’inscrire dans un enseignement spécialisé de type 3, 4 et 8. Au moment de mon stage, cela ne faisait donc qu’un an que Clara était inscrite. L’enseignant de Clara se posait beaucoup de questions et avait donc proposé aux parents de réaliser un deuxième diagnostic après suspections d’un léger retard mental, ce qu’ils firent. Il s’avéra en effet qu’elle présentait bien un léger retard mental.

L’école accueillait principalement des enfants présentant des troubles d’apprentissage, un handicap moteur, mais aussi des troubles du comportement. L’établissement scolaire se questionnait donc quant à l’aide qu’il pouvait apporter à Clara, et se demandait si une réorientation au sein d’un enseignement plus adapté ne serait pas bénéfique pour elle.

Au moment de ma présence sur place, une problématique se posait donc concernant Clara. À la suite du diagnostic, l’école proposait donc aux parents de réorienter leur fille vers un enseignement spécialisé dans la prise en charge des personnes présentant un retard mental léger, c’est-à-dire un enseignement de type 1. Ceci fut très difficile à accepter pour les parents, plus précisément pour la maman, qui se refusaient à placer Clara dans ce type d’enseignement. Ils ne semblaient pas accepter le diagnostic. Cela amena la maman à mentir à l’établissement en prétendant qu’ils la placeraient dans un enseignement spécialisé de type 1 alors qu’ils me confièrent qu’ils songeaient en réalité à une réorientation en enseignement ordinaire. La maman me demanda de ne pas en parler à l’établissement scolaire.

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Un questionnement éthique se dessine alors : En tant qu’orthopédagogue, faut-il dénoncer le mensonge, ce qui induirait indirectement de trahir le secret, lorsqu’il me semble qu’un parent n’agit pas pour le bien-être de son enfant ?

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Avant de réfléchir plus loin à la question, il convient d’abord de mettre en lumière tous les aspects intervenant au sein de cette situation. Je définirai ainsi différents termes qu’il me semble important de comprendre.

Tout d’abord, il me semble nécessaire de définir en quoi consiste un léger retard mental et ce que cela implique. Je définirai également la prise en charge préconisée pour ce type de handicap.

Le retard mental est un trouble du développement de l’enfant (Ooreka, s.d.). Selon Courbois & Paour (2007), le retard mental est défini en fonction de trois critères diagnostiques : une limitation du fonctionnement intellectuel ainsi que des limitations de comportements adaptatifs, toutes deux devant apparaître avant 18 ans. Par limitation du fonctionnement intellectuel, il faut entendre un retard en termes de raisonnement, de pensée, de capacité à se concentrer et à mémoriser, mais aussi à maîtriser le langage (Ooreka, s.d.). Par limitations de comportements adaptatifs, l’AAMR (cité par Courbois & Paour, 2007) entend « l’ensemble des habiletés conceptuelles, sociales et pratiques apprises par la personne et qui lui permet de fonctionner au quotidien ».

Il existe différents degrés de sévérité du retard. Selon le DSM IV-TR (cité par Courbois & Paour, 2007 ; Dorison, 2009), un retard léger correspond à un QI entre 50 et 70. L’AAMR (cité par Courbois & Paour, 2007) définit quatre degrés de sévérité selon l’intensité du soutien nécessaire à la personne. Le degré léger correspondrait alors au degré intermittent. La personne ne nécessite un soutien que de façon ponctuelle et à la demande. Certaines capacités restent préservées tandis que d’autres sont impactées (Courbois & Paour, 2007).

La prise en charge cible deux grands objectifs : modifier la personne ainsi que modifier l’environnement pour favoriser l’adaptation. Il s’agira donc d’élaborer des projets individualisés. Une personne retardée mentale est très sensible aux contextes éducatifs qu’on lui propose. Il sera donc nécessaire de lui offrir un environnement stable et structuré. Un établissement des forces de la personne ainsi que de ses limitations et besoins sera donc proposé afin d’ensuite pouvoir agir sur le fonctionnement cognitif (Courbois & Paour, 2007). Concernant la scolarisation, l’enfant âgé de 6 à 11 ans présentant un retard mental léger peut très bien s’adapter à l’enseignement ordinaire, en classe d’intégration (Ooreka, s.d.). En effet, l’utilisation de programmes d’éducation cognitive ne leur pose pas de problèmes (Courbois & Paour, 2007). Au-delà des primaires, l’enfant sera accueilli au sein d’unités localisées pour l’inclusion scolaire (Ooreka, s.d.).

Il me semble ensuite important de s’interroger sur les enjeux que cela constituerait d’inclure un enfant présentant un retard mental léger au sein d’un enseignement ordinaire.

Le moment de scolarisation de l’enfant est un moment crucial. C’est le moment où les enfants et les parents se retrouveront confrontés au regard des autres. Les premiers indices d’un possible retard mental et un futur diagnostic entreront en jeu. L’enseignant peut faire face à certaines difficultés avec les parents, car il peut être difficile pour eux d’accepter la déficience de leur enfant. Ils pourraient alors vouloir le maintenir en milieu ordinaire à tout prix (Dorison, 2009).

Il faudrait alors envisager une intégration en milieu ordinaire, ce qui peut être possible sous certaines conditions. L’intégration d’enfant présentant une déficience intellectuelle pourrait être bénéfique pour ses camarades de classe, car cela leur permettrait une ouverture de regard face à la différence. Pour que cette ouverture puisse avoir lieu, il faut cependant que l’intégration tienne compte de la fatigabilité et de la fragilité psychologique et physique de cet enfant. Les enseignants doivent également être informés à propos du handicap afin de permettre une prise en charge adéquate. Il est également indispensable que le projet d’intégration soit réévalué avec le temps (Dorison, 2009).

L’enfant présentant un retard mental nécessitera donc de nombreuses adaptations. Il devra notamment bénéficier d’un milieu stable et de repères affectifs et spatio-temporels stables. Pour cela, une classe avec plusieurs professeurs serait donc à éviter. L’enfant étant rapidement conscient de sa différence, particulièrement du fait de ses difficultés, pourrait développer un trouble du comportement. Il faut donc le valoriser et l’encourager un maximum possible tout en faisant attention de ne pas nier ou minimiser ses difficultés dont il est conscient. Pour cela, il faudra adapter le programme à ses capacités et ses progrès. La place de la famille sera également très importante, car l’enfant aura besoin que la collaboration entre l’école et ceux-ci se passent le mieux possible (Dorison, 2009).

Si tous ces facteurs sont réunis, alors l’intégration devrait se passer favorablement. Cependant, certaines écoles ou certains enseignants ne se sentent pas à l’aise ou capables de supporter une telle responsabilité et risquent alors d’aggraver le sentiment d’incompréhension et de rejet des parents (Dorison, 2009).

Il est alors parfois indispensable d’envisager une scolarisation spécialisée afin de faire prendre en charge l’enfant par une équipe éducative et rééducative pluridisciplinaire formée et adaptée l’aidant à progresser (Dorison, 2009).

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À présent que tous les concepts ont été mis en lumière, il convient de réfléchir au dilemme éthique présent. Plusieurs valeurs se dégagent de cette situation. En effet, en trahissant le secret que les parents m’avaient confié, il s’agirait de trahir leur confiance. Cependant, les parents mentant à l’école, en gardant leur secret, il s’agirait également de cautionner un mensonge. De plus, ne pas dire la vérité à l’école impacterait possiblement le bien-être de Clara ainsi que des futurs camarades et enseignants de l’école ordinaire.

 

Plusieurs solutions s’offrent donc à moi.

Une première possibilité était d’agir selon l’éthique des conséquences. Ce courant part du principe qu’il faut agir en pensant aux conséquences de notre action et selon le bien-être du plus grand nombre (Cours de Naftali, 2020). Ainsi, dans cette situation, il s’agirait de trahir le secret des parents et d’en parler à l’école afin de permettre une prise en charge plus adaptée pour Clara. En effet, bien qu’il soit possible pour elle de s’intégrer au sein d’un établissement ordinaire, il faudrait dans tous les cas aménager des adaptations. Pour cela, l’école spécialisée dans laquelle se trouvait Clara jusqu’alors pourrait apporter une aide dans ce projet. De plus, cela permettrait un soutien pour l’enseignante qui s’occuperait alors de Clara au sein de l’enseignement ordinaire, permettant également le bien-être des camarades de classe qui bénéficierait d’un enseignant épanoui. Trahir le secret des parents permettrait donc de privilégier le bien-être d’un plus grand nombre de personnes.

Une seconde possibilité serait d’agir selon l’éthique déontologique. Ce courant part du principe qu’il faut agir en privilégiant l’action en elle-même, en réfléchissant à s’il serait possible de l’appliquer universellement ou pas (Cours de Naftali, 2020). Ainsi, dans cette situation, il s’agirait de garder le secret des parents pour ne pas trahir leur confiance car, universellement, il n’est pas bien de trahir la confiance de quelqu’un et nous pouvons rendre le principe de cette action universalisable. Cependant, cela signifierait également que nous cautionnerions un mensonge, ce qui n’est pas universellement acceptable. C’est pourquoi l’éthique déontologique ne semble pas être le courant à privilégier dans cette situation.

 

Une dernière possibilité serait alors d’agir selon l’éthique du care. Ce courant part du principe qu’il faut agir en permettant à chacun de rester dans ses liens d’attachement intimes et sociaux. Il prône donc le concept de responsabilité du bonheur que chacun a vis-à-vis de l’autre (Cours de Naftali, 2020). Ainsi, dans cette situation, il s’agirait de prendre sa responsabilité de professionnel en discutant avec les parents afin de leur faire comprendre qu’ils ont, eux aussi, une responsabilité vis-à-vis de leur fille, qui est de penser à son bien-être, qu’il s’agisse de la placer en enseignement spécialisé ou non.

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En tant qu’orthopédagogue, l’éthique du care est la solution que je souhaiterais adopter. En effet, il me semble qu’en tant que professionnel, nous sommes soumis à la responsabilité de chercher le bien-être de l’individu. Ainsi, il me semble important de pouvoir discuter et argumenter avec les parents afin de leur faire comprendre qu’en communiquant à leur tour avec l’école de Clara, il serait alors possible de trouver la solution lui permettant de s’épanouir, ce qui leur permettrait également de s’épanouir. En tant qu’orthopédagogue, mon rôle dans cette situation serait celui d’un médiateur. De cette manière, un compromis pourrait alors être trouvé d’un commun accord, éloignant les tensions existantes entre l’école et les parents, ce qui favoriserait leur bien-être à chacun, mais également celui de Clara. Il me semble que dans un premier temps, une intégration en milieu ordinaire pourrait être envisagée. Si cela devait ne pas bien se passer, un placement en enseignement spécialisé pour retard mental léger pourrait alors être reconsidéré.

Bibliographie

  • Courbois, Y. & Paour, J-L. (2007). Le retard mental. In Lautrey, J. (Ed), Psychologie du développement et de l’éducation. Paris : PUF.

 

  • Dorison, N.(2009). Principales causes de retard mental et troubles du comportement de l’enfant déficient intellectuel en milieu scolaire ordinaire. La scolarisation de l’enfant déficient intellectuel en milieu ordinaire. Fondation pour l’école & Fondation Jérome Lejeune, pp. 3-12. Paris.

 

  • Naftali, P. (2020-2021). Questions d’éthique et de déontologie. Spécialisation en orthopédagogie. Haute École Bruxelles-Brabant unité structurelle Defré. Uccle.

 

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"Libérez le potentiel de l'enfant, et vous transformerez le monde avec lui"

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Source de la citation : www.decouvrir-montessori.com

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