


Assistante en psychologie
Étudiante en orthopédagogie




Dans le cadre du cours de Dyscalculie, donné à l'HE2B Defré, pour la Spécialisation en Orthopédagogie, il nous a été demandé de résumer l’article « Du ‘’logico-mathématique’’ aux dyscalculies » de Michèle Mazeau.
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Un document distribué par Mme. Van Malder reprenant les notions principales à connaître à propos de l’apprentissage des mathématiques fut également complété.
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Nous avons par la suite pu découvrir la ludothèque Ludivine :
Il nous a été demandé de choisir, par groupe, chacune un jeu, présentant un intérêt pour développer des compétences mathématiques.


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Dans un premier temps, une définition de « Dyscalculie » sera proposée, selon le DSM IV-R (Gérard, 2011 cité dans Vandecasteele, 2017) :
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« La dyscalculie regroupe les troubles dans les domaines mathématiques, caractérisés par des aptitudes nettement en dessous du niveau de la norme, compte tenu de l’âge chronologique du sujet, de son niveau intellectuel et d’un enseignement approprié à son âge et sans déficience sensorielle, physique ou intellectuelle. Les perturbations interfèrent de façon significative avec la réussite scolaire ou les activités de la vie courante faisant appel aux mathématiques. »

Dans un second temps, le résumé de l’article « Du ‘’logico-mathématique’’ aux dyscalculies » de Michèle Mazeau sera proposé, réalisé en collaboration avec Manon I, Manon D et Emeline :
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Afin de comprendre la dyscalculie, ses enjeux ainsi que la place de l’orthopédagogue en tant qu’intervenant, il est important d’en définir quelques termes.
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Lorsqu’on parle de dyscalculie, on parle alors forcément du nombre. Il existe trois systèmes de représentation du nombre, travaillant en collaboration : la représentation analogique, la représentation verbale ainsi que la représentation indo-arabe. Tandis que la représentation analogique est innée et universelle, les représentations verbales et indo-arabes évoluent avec l’âge et la scolarité.
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Ainsi, l’enfant naît sur une base innée et universelle. Comme le dit Mazeau (2017), « on n’apprend pas à partir de rien ». En effet, des chercheurs ont démontré qu’il existait déjà des préconceptions innées du nombre, et ce dès la naissance de l’enfant. Cet ensemble de compétences préexistantes est nommé « boite à outils ». Celle-ci est constituée de compétences telles que le subitizing, la représentation d’identité, et l’estimation de collections et de comparaison. Toutes ces compétences constituent ainsi la base du sens du nombre. Dans cette boite à outils, on retrouve donc la représentation analogique, qui permettra par la suite à l’enfant de procéder à la classification, à la sériation et à l’inclusion.
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Afin de pouvoir classer, sérier et inclure, l’enfant devra maîtriser la numération. La numération va être la stratégie qui permet de compter et de dénombrer. Elle est positionnelle, ainsi la signification de chaque chiffre au sein d’un nombre dépend de sa position. Elle fait aussi ressortir une notion de quantité. En effet, quand un enfant compte le nombre trois, cela signifie qu’il y a déjà deux objets existants auxquels on rajoute un objet. La numération est d’autant plus importante qu’elle permet par la suite d’acquérir d’autres compétences liées notamment aux opérations ou encore aux procédés mentaux.
Ainsi, lorsqu’un enfant présente des difficultés dans le domaine du nombre, il convient de se questionner sur une possible dyscalculie. En ce qui concerne donc les troubles d’apprentissage logico-mathématique, autrement appelés « dyscalculies », il est important de différencier deux types : primaire et secondaire.
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La dyscalculie primaire, dite vraie dyscalculie, est le trouble du sens du nombre en lui-même. Elle vient d’un dysfonctionnement du système cérébral et donc de la « boite à outils » expliquée précédemment. Les difficultés sont présentes plus ou moins clairement dans tous les domaines, mais cela se marque plus particulièrement dans ce qui fait appel à l’estimation du nombre, à la représentation analogique du nombre, que cela soit verbalement ou écrit. Les comportements observés sont l’incapacité précoce à acquérir et à manipuler les nombres, la difficulté à acquérir une procédure plus mature d’une représentation du nombre ainsi qu’une idée approximative de la représentation et de la signification du mot-nombre. Son diagnostic se fait sur base de tests spécialisés réalisés par des professionnels.
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La dyscalculie secondaire, dite dyscalculie symptôme, est la conséquence d’un trouble présent au préalable chez l’enfant et qui amène un trouble logico-mathématique. Elle peut être liée à différents troubles.
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Elle peut être liée à un trouble des fonctions langagières, dans le cas où il y a un déficit au niveau des performances verbales. L’enfant ne peut alors ni apprendre ni automatiser la chaine verbale des mots-nombre. Il rencontrera des difficultés durables avec les nombres irréguliers. Le passage de l’écrit à l’oral et de l’oral à l’écrit sera particulièrement difficile pour l’enfant. Il faut alors privilégier un travail sur les représentations analogiques et indo-arabes du nombre stable et indépendant de la langue. Cela permettra à l’enfant de les utiliser pour construire, manipuler et utiliser le nombre.
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Elle peut être liée à un trouble des fonctions visuospatiales. Dans ces cas, elle peut souvent être la conséquence d’une dyspraxie visuospatiale. Ce sont donc les aspects spatiaux de la numération arabe qui vont être mis en difficulté. Afin de pallier les troubles, il est important de se baser sur les représentations verbales et analogiques du nombre.
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Elle peut être liée à un trouble des fonctions exécutives. Dans ces cas-là, on observera une certaine rigidité mentale ainsi qu’un manque d’inhibition chez l’individu. Des difficultés concernant la concentration pourront également être observées. De manière générale, les résultats sont faibles et fluctuants dans tous les apprentissages. Une logorrhée et des diffluences peuvent aussi être remarquées dans ce type de dyscalculie. Tous ces symptômes sont généralement également associés à un déficit en mémoire du travail (MT). Cette dyscalculie va alors impacter les procédés mentaux et peut être un signe avant-coureur d’un trouble mnésique. Pour aider l’enfant, il est intéressant de lui montrer sur un support par écrit ce qu’il doit normalement résoudre dans sa tête.
En ce qui concerne la prise en charge professionnelle du trouble, peu de professions y sont formées, laissant donc une place à l’orthopédagogue de s’y inscrire. En effet, l’orthopédagogue, dans le cas d’un soupçon de trouble, peut diriger l’enfant vers un professionnel apte à faire le diagnostic. Une fois le diagnostic posé, l’orthopédagogue va repérer chacune des difficultés du bénéficiaire et identifier les besoins spécifiques de ce dernier.
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Cette étape se fait en collaboration avec d’autres acteurs entourant l’enfant, tels que les figures parentales, les agents pédagogiques ainsi que l’équipe pluridisciplinaire. Il s’agira d’établir une anamnèse basée sur des discussions et des questionnaires. Ensuite, à l’aide de sa formation, de documentations, d’expériences personnelles et de sa créativité, l’orthopédagogue se verra amener à imaginer et construire des outils et des méthodes pensées pour l’enfant et ses besoins spécifiques. Ceux-ci seront également pensés en fonction de ses aptitudes, de ses forces ou non dans d’autres secteurs de sa vie. Durant tout le processus, l’orthopédagogue reste en contact régulier avec les autres acteurs de la vie de l’enfant. En effet, le travail pluridisciplinaire est également à prendre en compte. Ainsi, si l’enfant suit déjà plusieurs professionnels, comme un logopède ou un psychologue, il serait préférable de ne pas alourdir son programme. Il s’agirait alors de proposer des aménagements permettant de rentrer dans le quotidien de l’enfant.


Dans un quatrième temps, des pistes pour la prise en charge dans le cas de dyscalculie seront proposées.
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Ainsi, selon Vandecasteele (2017),
Il est également intéressant de savoir qu'il existe des prises en charge par un rééducateur des troubles logico-mathématiques et de la dyscalculie ! Voici un site pouvant vous guider vers une consultation possible :

Finalement, quatre jeux ayant un intérêt pour développer les outils nécessaires pour entrer dans les mathématiques seront présentés.
Le jeu des fruits
par Julie D


Fiche technique
Présentation du jeu en vidéo
Les monstres des maths


Fiche technique
Présentation du jeu en vidéo
Palm Reader




Fiche technique
Mémo-math : Petites Bestioles
Présentation du jeu en vidéo


Fiche technique
Pour en savoir plus :
Bibliographie
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Mazeau, M. (2017). Du « logico-mathématique » aux dyscalculies. Rencontre, 270, pp.13-35.
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Van Malder, I. (2020). Les troubles d’apprentissage : la dyscalculie. Spécialisation en orthopédagogie. Haute École Bruxelles-Brabant unité structurelle Defré. Uccle.
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Vandecasteele. (2017). Un nouveau défi pour l’école : gérer les élèves à besoins spécifiques – Tome 1 : Des difficultés d’apprentissage aux « dys ». Editions De Boeck.
Si vous souhaitez accéder à la version PDF, cliquez ici :
Un commentaire ?
Dans un troisième temps, les notions principales à connaître à propos de l’apprentissage des mathématiques, proposées par le cours de Mme. Van Malder (2020), seront mises en avant :
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Concernant les domaines du continu et du discontinu :

Concernant le fait de mesurer : C’est rendre discontinu ce qui est continu pour pouvoir y accrocher du sens . Pour mesurer, il faut choisir un étalon, le reporter régulièrement en marquant des traits à l’extrémité de chaque unité-étalon et créer des sous-multiples pour la dernière partie.
Concernant le “comptage-compter” : Activité de récitation de la suite des noms de nombres, càd, de la chaine numérique verbale. Le comptage ne suffit pas à fonder la compréhension du nombre. Va installer l’ordre.
Qu’est-ce qu’un nombre ? : Un nombre est totalement abstrait ! Il est la synthèse de deux relations, une relation d’équivalence (aspect cardinal) et une relation d’ordre (aspect ordinal).
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Aspect cardinal: le nombre est l’étiquette d’une classe d’équivalence, visible par les yeux, dans laquelle il y a une infinité de collections. (Imaginez une boite à chaussures dans laquelle il y a des « trois » : trois crayons, trois gommes, trois cahiers, trois billes…Trois c’est ?). A l’intérieur d’une collection, les uns sont semblables et différents. D’une collection à l’autre, rien de ce qui est perceptif visuellement n’est identique. (3 gommes, ce n’est pas pareil que 3 cahiers). Il y a une bijection entre les collections. (C’est ce qu’on appelle la correspondance terme à terme). Les collections sont liées par une relation d’équivalence « a le même nombre que ». (La collection gommes a le même nombre que la collection cahiers).
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Aspect ordinal: le nombre est aussi déterminé par une relation d’ordre « est plus grand que », « est supérieur à ». Je range toutes mes boites à chaussures dans un certain ordre en fonction de leurs étiquettes. Chaque nombre a une place définie.
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Concernant le "dénombrement-dénombrer" : Activité qui permet de déterminer le cardinal d’une collection.
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Pour pouvoir dénombrer, cinq principes doivent être maitrisés :
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L’adéquation unique : un seul mot nombre par objet, sans compter deux fois le même, sans en oublier, sans s’arrêter avant la fin. (correspondance terme à terme).
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Un ordre stable de la chaine numérique : deux, sept, quatre, quinze…ça ne marche pas…
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Un principe cardinal : prononcer uniquement le dernier mot nombre.
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Un principe d’abstraction : chaque élément de la collection d’objets est équivalent aux autres.
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La non pertinence de l’ordre : compter à partir de n’importe où ne modifie pas le nombre.
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Concernant les outils opératoires (outils pour agir) indispensables pour entrer dans l’apprentissage des mathématiques :
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Les opérations logicomathématiques : Elles organisent les quantités, les objets discontinus. Elles sont fondées sur les différences, les ressemblances et les équivalence entre les éléments. Elles conduisent aux notions de classification, de sériation, et de nombre. Elles mettent en jeu les concepts de conservation, de correspondance terme à terme, d’équivalence numérique.
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La classification : Mettre ensemble ce qui va ensemble. Donc, observer les ressemblances, les différences et mettre en relation les éléments en fonction de leurs similitudes. Relation d’équivalence. Nécessite de pouvoir déterminer des classifications.
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La sériation : Disposer les éléments en ordre croissant ou décroissant. Relation d’ordre. Implique la capacité de coordonner la comparaison de deux ou trois éléments. Elle joue un rôle important dans l’organisation des nombres puisqu’elle permet de structurer la succession des nombres et de les situer dans une suite ordonnée de zéro à l’infini.
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La conservation : Capacité de dégager les aspects invariants de l’objet au travers des transformations qu’il subit. (Même quantité de liquide dans un long verre mince que dans un petit gros, boule de plasticine qu’on déforme). Intervient aussi dans les notions de mesure.
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La Correspondance terme à terme : Elle permet de comparer deux quantités sans devoir les quantifier au préalable. La non-pertinence de l’ordre est un principe important de la correspondance terme à terme. Nécessité de travailler avec des collections différentes quant à leur taille, leur nature et leur disposition.
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L’Equivalence numérique : Le fait de pouvoir nommer de diverses façons une seule et même quantité à partir d’unités différentes. Penser une même quantité sur deux (ou plus) modes à la fois. (5 doigts ou 1 main , c’est pareil; 7 jours ou 1 semaine…) Ce principe requiert une grande mobilité de la pensée, la capacité de porter un double regard sur une quantité donnée et une capacité importante de décentration de son propre point de vue, d’abandon de son propre rôle.
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Les opérations infra-logiques : Elles portent sur les quantités continues. Elles mènent aux notions de temps (chronologie et durée) et d’espace qu’il s’agit de découvrir. Elles sont à l’origine de la mesure dont il y a lieu de comprendre le sens.
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La géométrie : Se repérer sur une carte, évaluer des distances, partager un gâteau en parts égales, tapisser en respectant la verticalité des bandes de papier peint, se coiffer dans un miroir, …La maitrise de l’espace est une compétence tout aussi indispensable que la bonne maitrise des nombres et de la numération pour une bonne insertion sociale. On constate que l'enfant suit, à peu près, les mêmes tentatives de structuration de l'espace que nos sociétés. Ainsi l’enfant passe souvent, et dans l’ordre, par un stade de découvertes relatives à des notions topologiques puis par la découverte de certaines propriétés projectives avant d’arriver à une structuration euclidienne. Par la suite, l’évolution de ces différentes « géométries » se fait corrélativement les unes aux autres.
Il y a donc lieu de travailler les :
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topologique : déformation par étirement et compression, sans déchirure, ni pliage, ni collage de la figure considérée, étant entendu qu’on peut revenir à la notion initiale. Les propriétés laissées invariantes en topologie sont : notions de continu, discontinu ; voisinage ; domaine et frontière; à l'intérieur et à l'extérieur ; figures fermées ou ouvertes ; figures trouées ou non ; figures concaves ou convexes ; ….
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projective : notion de direction : haut, bas ; devant, derrière ; gauche, droite, etc. : repérage dans l’espace et orientation évoquant soit la position, soit le mouvement
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euclidienne: notion de distances, mesures…
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Le sens de la mesure : Très rapidement, l’enfant éprouve le besoin de comparer, de mettre en relation les choses, les objets et même les personnes qui l’entourent selon l’un ou l’autre critère. Il manifeste par là un besoin de maitrise de son environnement. Ce critère s’exprime presque toujours par « … plus … » ou « …moins … ».Ce désir de quantification coïncide souvent au développement du concept de nombre chez l’enfant.
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Le temps : Le temps se construit avec le temps. Le temps organise toute notre vie sociale et il est bien difficile, voire impossible, de s'adapter à notre société moderne si nous ne maitrisons pas cette notion. Mais il en faut du temps avant que l'enfant ne soit à l'aise avec les noms et la succession des jours, des semaines, des mois, qu'il sache lire, interpréter et utiliser l'heure, qu’il puisse se situer dans sa fratrie, etc..
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Quelles situations pédagogiques proposer ?
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L’élève doit construire et non recevoir. En effet, ni le nombre, ni les concepts de temps et d’espace ne s’apprennent: ils se construisent petit à petit grâce aux expériences et, aux interprétations. Notre rôle serait donc de proposer aux enfants un environnement riche en expériences et, questions diverses qui remettent toujours en question leur interprétation de la réalité.
Jaulin-Mannoni citée par Gueritte-Hess (1996) souligne le paradoxe de ce genre de situation pédagogique. Elle avance que c’est en proposant aux élèves des situations qui leur posent problème, qui éveillent milles questions en eux, en leur laissant envisager différentes solutions, différents types de raisonnement, sans leur apporter de solutions, en les libérant de la contrainte de la « bonne » réponse, sans les écraser par un jugement (qu’il soit positif ou négatif) en veillant à ce que toujours l’intérêt et le plaisir soient au coeur de la recherche tant chez les enfants que chez l’animateur, qu’on les aide à progresser dans la maitrise de ces outils opératoires indispensables à tout raisonnement mathématique.